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  1. Il a pris le temps de s’asseoir le long du plan d’eau. Celui-là même où il avait plongé
    il y a une dizaine d’heures, alors que le jour n'était pas encore levé. Ses proches sont là,
    lui disent d’arrêter. Il n’a rien mangé entre 9h et 17h. Son corps a déjà enduré 210 kilomètres d’efforts. Il lui en reste encore une vingtaine à parcourir pour boucler l’épreuve. Mais il est à bout de force. Épuisé, il perd connaissance. Lorsqu’il revient à lui, des pompiers l’entourent. Il a dû être perfusé. Proche de l’hypoglycémie sévère, son taux
    de glucose s’élevait à 0,30 gramme par litre de sang contre 0,6 à 1,10 gr/l en temps normal.
    Il n’en gardera aucune séquelle. Seulement de l’expérience.


  2. Cette mésaventure, Stéphane Ricard l’a digérée. C’était en 2007, il avait 23 ans et souhaitait boucler son second Embrunman, le triathlon aux mensurations XXL. En 2006, tout s’était bien passé. Il avait terminé la course en 15h, malgré des difficultés à vélo. Il découvrait la discipline, lui qui ne jurait que par le foot et le tennis. « J’ai pris connaissance de l’événement en y assistant avec des amis. J’ai pété un plomb et je me suis dit ‘’je le fais’’ », rapporte le Haut-alpin.

  3. Bien sûr, on lui a dit qu’il était trop jeune, pas assez entraîné. Qu’importe, il s’est lancé.
    « Il y avait peu d’ultra-trails. Les longues distances sont devenues banales mais, à l’époque, l’Embrunman était encore plus mythique », se souvient Ricard. 3,8 km de natation, 188 km de vélo, dont le col d’Izoard et la montée de Chalvet et enfin, un marathon à pied, pour un peu moins de 5000 mètres de dénivelé positif. De quoi faire rêver les sportifs de l'extrême. Stéphane Ricard a remis le couvert en 2008, en douze heures. Depuis, il s’est spécialisé dans la course à pied et possède un palmarès intéressant : 31’07 sur 10 km, champion du monde de course en raquettes, champion de France de run and bike, vainqueur de la Via Romana,
    de la 6000 D et de plusieurs ultra-trails. Il a laissé le triathlon de côté, mais souhaite de nouveau repartir à l’assaut de l’Embrunman. « En 2017, peut-être, pour la 35ème édition. J’aurai 35 ans. »


  4. Comme lui, des dizaines de milliers de triathlètes, hommes et femmes, ont défié Embrun et son triathlon devenu, en l’espace de 30 ans, une référence mondiale. Comme lui, certains se sont cassé les jambes et le corps, les obligeant à abandonner. Pourtant, ils sont nombreux à en redemander chaque année. Pour le meilleur mais surtout pour le pire. Car il faut s’attendre à souffrir.

INTRODUCTION